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COP30 au Brésil : Un sommet insuffisant face à l’urgence climatique

Dans un contexte géopolitique tendu et face à l’urgence scientifique qui ne cesse de croître, cette COP devait marquer un tournant décisif dans la lutte contre le réchauffement climatique. Entre avancées institutionnelles et blocages persistants sur les questions cruciales, le sommet brésilien illustre les contradictions d’un multilatéralisme climatique qui peine à transformer les promesses en actions concrètes.

Introduction

La 30e Conférence des Parties (COP30), qui s’est tenue à Belém au cœur de l’Amazonie en 2025, était particulièrement attendue par la communauté internationale. Elle s’inscrit dans la continuité des rendez-vous annuels où les pays du monde se réunissent pour définir leur réponse collective au changement climatique. Cette édition devait marquer le passage de l’intention à l’action concrète après plusieurs COP caractérisées par des engagements jugés insuffisants par les scientifiques et la société civile.

Le choix de Belém comme ville hôte n’était pas anodin. Située à l’embouchure du fleuve Amazone, cette métropole brésilienne symbolise le lien indissociable entre préservation des écosystèmes et lutte contre le dérèglement climatique. L’Amazonie, souvent qualifiée de “poumon vert de la planète”, joue un rôle crucial dans la régulation du climat mondial en absorbant des milliards de tonnes de CO2 chaque année. Sa dégradation progressive, alimentée par la déforestation, l’agriculture intensive et l’exploitation minière, représente une menace existentielle pour l’équilibre climatique planétaire.

En se déroulant dans une région essentielle à l’équilibre climatique mondial, la COP30 portait l’enjeu fort de donner une impulsion concrète à la mise en œuvre de l’Accord de Paris. Dix ans après la signature historique de cet accord à Paris en 2015, le moment était venu d’évaluer les progrès réalisés et de rehausser significativement l’ambition collective. Les attentes étaient d’autant plus élevées que les rapports scientifiques récents du GIEC continuent d’alerter sur l’accélération du réchauffement et l’insuffisance des politiques actuelles pour maintenir le réchauffement sous la barre critique des 1,5°C.

Un contexte géopolitique sous haute tension

La COP30 s’est déroulée dans un contexte international particulièrement tendu, marqué par de multiples crises qui ont profondément influencé les négociations climatiques. Les délégations nationales sont arrivées à Belém dans un climat de méfiance et de polarisation rarement observé lors des précédentes conférences.

Les négociations ont été rendues plus difficiles par la fragmentation des alliances internationales, exacerbée notamment par la guerre en Ukraine et les conflits au Moyen-Orient. Ces tensions géopolitiques ont créé des lignes de fracture qui ont débordé dans l’enceinte des négociations climatiques. Les pays européens, fortement mobilisés pour soutenir l’Ukraine, ont dû composer avec des partenaires énergétiques traditionnels désormais perçus comme des adversaires politiques. Cette reconfiguration des alliances a compliqué la recherche de consensus, notamment sur les questions énergétiques.

Les conséquences économiques de ces conflits se sont également fait sentir. La crise énergétique mondiale, déclenchée par les perturbations des approvisionnements en gaz et en pétrole, a poussé certains pays à revoir temporairement leur transition énergétique, privilégiant la sécurité d’approvisionnement à court terme au détriment des objectifs climatiques de long terme. Cette réalité a créé des tensions entre le discours ambitieux porté par certaines délégations et les décisions prises au niveau national.

À cette tension géopolitique s’ajoutent des désaccords persistants entre les pays du Nord et les pays du Sud, notamment concernant la responsabilité historique des émissions et le financement de l’adaptation. Les nations en développement, représentées par le G77 et la Chine, ont fermement rappelé le principe de “responsabilités communes mais différenciées” inscrit dans la Convention-cadre des Nations unies sur les changements climatiques. Ils ont souligné que les pays industrialisés, responsables de la majorité des émissions historiques de gaz à effet de serre depuis la révolution industrielle, doivent assumer une part plus importante de l’effort financier et technologique.

Cette fracture Nord-Sud s’est particulièrement cristallisée autour de la question du financement climatique. Les pays vulnérables, notamment les petits États insulaires menacés par la montée des eaux et les nations africaines confrontées à la sécheresse, ont exigé une augmentation substantielle des financements pour l’adaptation et les pertes et dommages. Ils ont dénoncé le non-respect des engagements antérieurs, notamment la promesse non tenue de mobiliser 100 milliards de dollars par an dès 2020, objectif qui n’a été atteint qu’en 2022 avec plusieurs années de retard.

De plus, la défense des intérêts économiques par plusieurs États producteurs d’énergies fossiles a ralenti les discussions sur la sortie du pétrole, du gaz et du charbon. Des pays comme l’Arabie Saoudite, la Russie, ou certains membres de l’OPEP ont systématiquement œuvré pour affaiblir toute mention explicite d’une réduction de la production d’hydrocarbures. Leur argument principal repose sur la nécessité de préserver leur économie nationale et d’assurer une transition juste pour leurs populations dépendantes de cette industrie. Cette position a créé des blocages répétés lors des sessions de négociation nocturnes qui ont caractérisé les derniers jours de la conférence.

Par ailleurs, l’influence croissante des lobbies industriels lors de ces sommets a été vivement critiquée par les organisations non gouvernementales présentes à Belém. Plus de 2 400 représentants de l’industrie des combustibles fossiles étaient accrédités à la COP30, soit un nombre supérieur à la plupart des délégations nationales. Cette présence massive a soulevé des questions sur l’intégrité du processus de négociation et la capacité réelle des États à prendre des décisions ambitieuses face à ces intérêts économiques puissants.

Cette combinaison de crises géopolitiques, de divergences économiques structurelles et de rivalités d’influence a rendu la recherche d’un accord ambitieux plus compliquée que jamais. Les négociateurs ont dû naviguer dans un paysage diplomatique fragmenté, où chaque avancée sur un sujet était conditionnée par des concessions sur d’autres points, diluant progressivement l’ambition initiale du texte final.

Des avancées significatives, bien que limitées

Malgré ce contexte difficile et les nombreux obstacles rencontrés, la COP30 a permis quelques succès notables et la réaffirmation d’un cadre commun de coopération internationale sur le climat. Ces avancées, bien que jugées insuffisantes par rapport à l’urgence scientifique, démontrent néanmoins que le multilatéralisme climatique n’est pas totalement paralysé.

L’Accord de Paris réaffirmé

L’une des principales réussites de la COP30 réside dans la réaffirmation massive de l’engagement envers l’Accord de Paris. 189 pays et l’Union européenne ont réaffirmé leur engagement envers cet accord historique, malgré les pressions et les tentations de certains acteurs de remettre en cause le cadre multilatéral. Le texte final réitère clairement l’objectif de limiter le réchauffement mondial à 1,5°C et de rester en dessous des 2°C, réaffirmant ainsi que ces seuils constituent la ligne rouge à ne pas franchir pour éviter les impacts les plus catastrophiques du changement climatique.

Cette réaffirmation n’était pas acquise d’avance. Dans un contexte de montée des nationalismes et de remise en cause du multilatéralisme dans plusieurs régions du monde, le maintien d’un consensus aussi large constitue en soi un signal politique important. Le fait que près de 200 pays continuent de reconnaître la science climatique du GIEC comme base de leurs décisions et acceptent de soumettre régulièrement leurs contributions nationales à un examen collectif représente un acquis fondamental du processus onusien.

Le texte adopté à Belém a également introduit un mécanisme de révision quinquennale renforcé, obligeant les pays à présenter des contributions déterminées au niveau national (CDN) plus ambitieuses à chaque cycle. Cette “clause de non-régression” vise à empêcher tout retour en arrière et à garantir une trajectoire d’augmentation progressive de l’ambition collective, même si le rythme reste débattu.

Mécanisme d’action : l’accélérateur de mise en œuvre

La création d’un « accélérateur de mise en œuvre » constitue un signal positif, visant à renforcer les actions d’adaptation et de transition, surtout dans les pays les plus vulnérables. Ce nouveau mécanisme a pour objectif de combler le fossé persistant entre les engagements pris et leur traduction concrète sur le terrain.

Concrètement, cet accélérateur se décline en trois piliers principaux. Le premier concerne le renforcement des capacités techniques et institutionnelles des pays en développement, en facilitant le transfert de technologies propres et l’accès à l’expertise internationale. Des partenariats spécifiques ont été établis entre pays développés et pays en développement pour accélérer le déploiement des énergies renouvelables, améliorer l’efficacité énergétique des bâtiments et des industries, et moderniser les infrastructures de transport.

Le deuxième pilier porte sur la mobilisation accélérée des financements, avec la création d’une facilité de financement dédiée gérée par le Fonds vert pour le climat. Cette facilité vise à simplifier et accélérer l’accès aux ressources financières pour les projets d’adaptation et d’atténuation, en réduisant les lourdeurs administratives qui ont souvent été dénoncées par les pays bénéficiaires. Un mécanisme de garantie a également été mis en place pour faciliter la mobilisation de capitaux privés dans les économies émergentes, en réduisant les risques perçus par les investisseurs.

Le troisième pilier concerne la création d’une plateforme de suivi et de transparence renforcée, permettant d’évaluer en temps réel les progrès accomplis par chaque pays dans la mise en œuvre de ses engagements. Cette plateforme, alimentée par des données satellitaires, des rapports nationaux et des contributions d’observateurs indépendants, vise à créer une pression par les pairs et à identifier rapidement les écarts entre objectifs et réalisations.

Bien que cet accélérateur représente une innovation institutionnelle intéressante, son efficacité dépendra largement des ressources qui lui seront effectivement allouées et de la volonté politique des États de l’utiliser pleinement. L’histoire des COP est jalonnée de mécanismes créés avec enthousiasme mais restés largement sous-utilisés faute de moyens ou d’engagement réel.

Financements et thèmes élargis

Des avancées ont été notées sur l’adaptation, avec l’objectif ambitieux de tripler les financements d’ici 2035. Cette décision répond à une revendication de longue date des pays les plus vulnérables, qui ont régulièrement dénoncé le déséquilibre entre les financements consacrés à l’atténuation (réduction des émissions) et ceux dédiés à l’adaptation (protection face aux impacts déjà inévitables du changement climatique).

Le texte final fixe un objectif de 300 milliards de dollars annuels pour l’adaptation d’ici 2035, soit un triplement par rapport aux niveaux actuels. Cette somme devra être répartie équitablement entre les différentes régions, avec une attention particulière portée aux pays les moins avancés, aux petits États insulaires en développement et aux communautés les plus exposées aux risques climatiques. Des critères d’allocation basés sur la vulnérabilité et les besoins ont été définis pour garantir que les financements parviennent effectivement aux populations qui en ont le plus besoin.

La COP30 a également montré une prise en compte plus complète des enjeux climatiques en incluant des thèmes transversaux tels que l’égalité de genre, la justice climatique, la biodiversité ou la réduction des émissions de méthane. Cette approche intégrée reconnaît que la crise climatique ne peut être traitée de manière isolée, mais doit être abordée dans toute sa complexité et ses interconnexions avec d’autres défis planétaires.

Sur l’égalité de genre, la conférence a adopté un plan d’action renforcé reconnaissant que les femmes sont disproportionnellement affectées par le changement climatique, tout en étant des actrices essentielles des solutions. Des engagements ont été pris pour garantir leur participation effective aux processus décisionnels et pour intégrer une perspective de genre dans tous les projets climatiques financés internationalement.

Concernant la biodiversité, la COP30 a établi des passerelles explicites avec les objectifs de Kunming-Montréal adoptés lors de la COP15 sur la biodiversité. Le texte reconnaît que la protection et la restauration des écosystèmes naturels constituent simultanément une stratégie d’atténuation (en préservant les puits de carbone), d’adaptation (en renforçant la résilience des territoires) et de préservation de la biodiversité. Des financements conjoints climat-biodiversité ont été encouragés pour maximiser les co-bénéfices.

Sur le méthane, gaz à effet de serre dont le pouvoir réchauffant est 80 fois supérieur au CO2 sur une période de 20 ans, un engagement global de réduction de 75% des émissions d’ici 2035 a été adopté. Cet engagement cible particulièrement les secteurs de l’énergie (fuites dans l’extraction et le transport de gaz), de l’agriculture (élevage et rizicultures) et de la gestion des déchets. Des ressources techniques et financières spécifiques ont été mobilisées pour accompagner cette transition, notamment dans les pays en développement où les émissions de méthane sont souvent liées à des pratiques agricoles traditionnelles difficiles à transformer rapidement.

Ces avancées thématiques élargies témoignent d’une maturation du processus onusien sur le climat, qui dépasse progressivement une approche purement technique centrée sur les tonnes de CO2 pour embrasser une vision plus holistique de la transformation nécessaire de nos sociétés.

Les limites d’un accord qui manque d’ambition

Malgré ces signaux positifs et les efforts diplomatiques déployés pendant deux semaines de négociations intenses, l’accord final souffre de lacunes majeures, révélant un décalage préoccupant entre le discours officiel et l’urgence climatique documentée par la science. Ces limites ont suscité de vives critiques de la part des organisations environnementales, de nombreux scientifiques et même de certaines délégations nationales qui ont exprimé leur déception lors de la session plénière de clôture.

Énergies fossiles : une absence révélatrice

L’absence totale de mention d’une sortie progressive des énergies fossiles dans le texte final est sans doute le point le plus notable et le plus critiqué de cette COP30. Faute de parvenir à un accord sur une trajectoire commune de déclin de la production et de la consommation de pétrole, de gaz et de charbon, cette question centrale pour respecter les objectifs climatiques reste sans réponse claire et contraignante.

Cette omission est d’autant plus frappante qu’elle représente un recul par rapport à la COP28 de Dubaï, où pour la première fois dans l’histoire des COP, un texte avait mentionné la nécessité d’une “transition hors des énergies fossiles” dans les systèmes énergétiques. À Belém, sous la pression des pays producteurs et face aux divisions entre grandes puissances, cette formulation a été purement et simplement supprimée du texte final.

Les négociations sur ce point ont été particulièrement houleuses. Une coalition menée par l’Union européenne, les petits États insulaires et plusieurs pays latino-américains souhaitait inscrire un calendrier précis de réduction de la production d’énergies fossiles, avec des jalons à 2030, 2040 et 2050. Cette proposition se heurtait à l’opposition farouche d’un groupe de pays producteurs qui refusaient toute mention explicite d’une réduction de production, arguant que la question relevait de la souveraineté nationale et des choix économiques de chaque État.

Face à cette impasse, les présidents de séance brésiliens ont tenté plusieurs formulations de compromis, évoquant une “réduction progressive et juste de la dépendance aux énergies fossiles” ou un “alignement des investissements énergétiques avec les objectifs climatiques”. Mais chacune de ces formulations a été systématiquement rejetée par l’un ou l’autre camp, conduisant finalement à l’abandon pur et simple de toute référence aux énergies fossiles dans le texte adopté.

Cette absence constitue une victoire significative pour les lobbies fossiles et les États pétroliers, qui peuvent ainsi continuer à planifier l’expansion de leur production sans contrainte internationale. Elle représente également un signal négatif envoyé aux marchés financiers et aux investisseurs, qui auraient pu être guidés par un cap politique clair vers une économie décarbonée. En l’absence d’un tel signal, les investissements continuent de se diriger massivement vers les infrastructures fossiles, créant un “verrouillage carbone” qui rendra encore plus difficile et coûteuse la transition future.

Les conséquences de cette omission sont considérables. Selon les analyses de l’Agence internationale de l’énergie, tous les scénarios compatibles avec la limitation du réchauffement à 1,5°C requièrent une diminution rapide et drastique de la production d’énergies fossiles dès maintenant. Chaque année de retard dans l’amorce de ce déclin rend l’objectif plus difficile à atteindre et augmente les risques d’actifs échoués pour les pays et les entreprises qui continuent d’investir massivement dans ces secteurs.

Action amazonienne : des engagements volontaires insuffisants

Bien que la conférence se soit tenue au cœur de l’Amazonie, dans un symbole fort censé placer la forêt tropicale au centre des discussions, aucune mesure réellement ambitieuse et contraignante n’a été adoptée pour lutter contre la déforestation. Ce paradoxe n’a pas échappé aux observateurs et a constitué l’une des déceptions majeures de cette COP30.

Le plan proposé par le Brésil, pays hôte et principal gardien de l’Amazonie avec près de 60% de la forêt sur son territoire, est resté volontaire et non contraignant, limitant fortement sa portée effective. Le gouvernement brésilien a présenté une initiative baptisée “Pacte amazonien 2030” qui vise à réduire la déforestation de 90% d’ici 2030 et à atteindre la “déforestation zéro” en 2035. Si cet objectif est ambitieux sur le papier, les mécanismes de mise en œuvre et de contrôle restent flous.

Le pacte repose essentiellement sur la coordination volontaire entre les neuf pays amazoniens (Brésil, Pérou, Colombie, Bolivie, Équateur, Venezuela, Guyana, Suriname et Guyane française), sans mécanisme de sanction en cas de non-respect des engagements. Chaque pays conserve sa souveraineté pleine et entière sur la gestion de sa partie de la forêt, ce qui limite considérablement la portée d’une action coordonnée. De plus, les financements promis pour soutenir cette initiative restent largement en deçà des besoins estimés par les experts, évalués à au moins 50 milliards de dollars par an pour une protection efficace de l’ensemble du bassin amazonien.

Les organisations indigènes, qui représentent les premiers gardiens de la forêt et gèrent traditionnellement certaines des zones les mieux préservées, ont vivement critiqué le fait que leurs droits territoriaux et leur rôle dans la gouvernance forestière n’aient pas été suffisamment reconnus et garantis dans le texte final. Elles ont dénoncé une approche “top-down” qui ne leur accorde pas la place centrale qu’elles méritent dans la protection de l’Amazonie.

Par ailleurs, aucun engagement ferme n’a été obtenu sur la question cruciale de la traçabilité des produits issus de la déforestation. Alors que l’Union européenne a adopté une réglementation interdisant l’importation de produits liés à la déforestation, d’autres grands marchés comme les États-Unis ou la Chine n’ont pris aucun engagement similaire. Cette absence de coordination internationale permet la persistance d’un commerce mondial de matières premières (soja, bœuf, bois, huile de palme) dont la production continue de détruire les forêts tropicales.

Ces lacunes sur la question amazonienne et forestière rappellent cruellement que le niveau d’ambition demeure insuffisant pour aligner le monde sur la trajectoire des 1,5°C. Les forêts tropicales, qui absorbent actuellement près de 30% des émissions humaines de CO2, passent progressivement d’un statut de puits de carbone à celui de source d’émissions dans certaines régions en raison de la déforestation et de la dégradation. Sans action rapide et massive pour inverser cette tendance, l’objectif de neutralité carbone mondiale d’ici 2050 devient mathématiquement hors d’atteinte.

Autres points de faiblesse structurelle

Au-delà de ces deux lacunes principales, le texte final de la COP30 présente d’autres faiblesses structurelles qui limitent sa portée transformatrice.

Sur la question des pertes et dommages, bien que le fonds créé à la COP27 ait été opérationnalisé, les contributions financières confirmées restent dérisoires face à l’ampleur des besoins. Moins de 2 milliards de dollars ont été promis alors que les pertes et dommages liés au changement climatique sont déjà estimés à plusieurs centaines de milliards de dollars par an dans les pays en développement. Cette insuffisance criante alimente un sentiment d’injustice et de trahison chez les pays les plus vulnérables.

Concernant les contributions nationales (CDN), le mécanisme de révision et d’augmentation de l’ambition manque de dents. Bien que tous les pays soient encouragés à réviser leurs objectifs à la hausse, aucun mécanisme contraignant ne permet de sanctionner ou même de faire pression efficacement sur les États dont les contributions restent manifestement insuffisantes. L’analyse agrégée des CDN actuelles montre qu’elles conduisent à un réchauffement d’environ 2,7°C d’ici la fin du siècle, soit bien au-delà de l’objectif de l’Accord de Paris.

Sur la transition juste, concept pourtant central pour assurer l’adhésion sociale aux transformations nécessaires, les mécanismes de soutien aux travailleurs et aux communautés dépendantes des industries fossiles restent largement sous-dimensionnés et peu concrets. Les pays producteurs d’hydrocarbures et les régions minières exigent légitimement des garanties et un accompagnement pour diversifier leur économie, mais les financements mobilisés et les dispositifs d’accompagnement proposés restent très en deçà des besoins réels.

L’absence marquante des États-Unis

Un autre élément important qui a profondément marqué la COP30 est l’absence des États-Unis lors de la signature finale de l’accord. Cette non-participation, largement commentée par les médias internationaux et les observateurs diplomatiques, affaiblit considérablement la portée symbolique et politique de l’accord adopté à Belém.

Les États-Unis, en tant que deuxième émetteur historique de gaz à effet de serre et première puissance économique mondiale, constituent un acteur absolument clé de toute action climatique crédible à l’échelle planétaire. Leur absence à la signature finale envoie un signal dévastateur sur l’état du leadership mondial en matière climatique et révèle les profondes divisions qui continuent de fragiliser le front commun nécessaire face à cette crise globale.

Cette absence s’inscrit dans un contexte politique américain particulièrement complexe et instable sur les questions climatiques. Depuis le retour au pouvoir de Donald Trump en janvier 2025, la politique climatique américaine a connu un revirement brutal, avec l’annonce d’un nouveau retrait de l’Accord de Paris et le démantèlement progressif des politiques climatiques mises en place sous l’administration Biden. Ce retour en arrière crée une instabilité structurelle qui mine la confiance internationale et complique considérablement la construction d’une réponse collective cohérente.

Cette situation souligne également une fragmentation croissante du leadership mondial sur le climat. Alors que les États-Unis se retirent, d’autres acteurs tentent de combler le vide, mais sans parvenir à créer une dynamique aussi puissante. L’Union européenne continue de porter une ambition élevée mais se trouve confrontée à ses propres divisions internes et à des capacités financières limitées. La Chine, premier émetteur actuel, joue un rôle croissant mais hésite à endosser pleinement un rôle de leader mondial, préférant se positionner comme porte-parole des pays en développement.

L’absence américaine a également des conséquences financières concrètes. Les États-Unis figuraient parmi les principaux contributeurs potentiels aux mécanismes de financement climatique international. Leur retrait ou leur contribution minimale limite drastiquement les ressources disponibles pour soutenir l’action climatique dans les pays en développement, créant un écart encore plus important entre les besoins et les moyens mobilisés.

Au-delà des États-Unis, cette COP30 a révélé une forme de fatigue et de désengagement relatif d’autres grandes puissances. Plusieurs chefs d’État et de gouvernement de pays du G20 n’ont pas fait le déplacement à Belém, envoyant des représentants de rang inférieur, signe d’une priorisation moindre de la question climatique dans les agendas politiques nationaux. Cette démobilisation du plus haut niveau politique contraste fortement avec l’urgence exprimée par la communauté scientifique et la société civile.

Conclusion : Un bilan qui manque d’élan

La COP30 de Belém laisse une impression profondément contrastée chez les observateurs, les négociateurs et les acteurs de la société civile mobilisés sur ces enjeux. Elle montre que la coopération internationale, malgré toutes ses limites et ses lenteurs, résiste aux tempêtes géopolitiques et que l’engagement collectif dans le cadre de l’Accord de Paris est maintenu, même dans un contexte de tensions extrêmes. Ce simple fait mérite d’être salué dans un monde de plus en plus fragmenté et tenté par l’unilatéralisme.

Cependant, cette résistance du cadre multilatéral ne suffit plus. La COP30 révèle aussi, de manière encore plus criante que les précédentes conférences, à quel point les avancées concrètes sont en décalage avec l’urgence climatique documentée par les scientifiques. Chaque rapport du GIEC, chaque bilan mondial des émissions, chaque analyse des trajectoires actuelles le confirme : nous ne sommes pas sur la bonne voie, et l’écart entre ce qui est fait et ce qui devrait être fait ne cesse de se creuser.

Elle n’a ni totalement échoué, ni créé le sursaut tant attendu par ceux qui espéraient voir émerger de Belém un nouvel élan comparable à celui de Paris en 2015. Elle pose des bases utiles, établit de nouveaux mécanismes, élargit le champ des préoccupations prises en compte, mais reste fondamentalement un accord à minima, loin de l’ambition nécessaire pour éviter les impacts les plus catastrophiques du changement climatique.

Les décisions clés pour une véritable transformation, sortie planifiée et coordonnée des énergies fossiles, protection massive des écosystèmes et lutte contre la déforestation, financements à la hauteur des besoins réels, n’ont pas été suffisamment renforcées, laissant un sentiment persistant d’inachevé et d’opportunité manquée. Le texte final ressemble davantage à un compromis diplomatique visant à préserver le consensus qu’à un plan d’action réellement à la mesure de l’enjeu.

L’avenir de l’action climatique dépend désormais de la capacité du secteur privé, des gouvernements nationaux et locaux, des collectivités territoriales et de la société civile à transformer ces intentions encore largement théoriques en réalisations tangibles, concrètes et coordonnées sur le terrain. De plus en plus d’acteurs reconnaissent que l’action climatique se joue peut-être davantage dans les villes, les régions, les entreprises et les initiatives citoyennes que dans les grandes négociations internationales.

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FAQ

1)La COP30 a-t-elle réaffirmé l’Accord de Paris ? 

Oui. 189 pays et l’Union européenne ont réaffirmé leur engagement envers l’Accord de Paris et ses objectifs de limitation du réchauffement à 1,5°C.

2)Le texte final mentionne-t-il une sortie des énergies fossiles ? 

Non. Aucune mention d’une sortie progressive des énergies fossiles n’apparaît dans le texte final, marquant même un recul par rapport à la COP28.

3)Les États-Unis ont-ils signé l’accord final ? 

Non. Les États-Unis étaient absents lors de la signature finale, affaiblissant considérablement la portée politique de l’accord.

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