L’actualité sur les marchés de l’énergie – 17/09/2025

Les points importants

Nucléaire

Un secteur relancé entre coopération internationale et avancées françaises

Le nucléaire refait surface comme pilier stratégique de la transition énergétique. D’abord, le Royaume-Uni et les États-Unis s’apprêtent à signer un accord majeur lors de la visite de Donald Trump, visant à accélérer le développement des réacteurs nucléaires civils, notamment des petits réacteurs modulaires et à simplifier les procédures d’agrément pour gagner du temps sur les projets. En Suisse, le gouvernement envisage de lever l’interdiction de construire de nouvelles centrales nucléaires, ce qui marque une évolution significative dans le débat sur la sécurité d’approvisionnement et les objectifs climatiques. Par ailleurs, en France, les recherches avancent sur un combustible de nouvelle génération destiné à alimenter les réacteurs du futur, avec pour ambition d’augmenter l’efficacité, la sûreté et de réduire les déchets.

Les marchés de l’énergie

Électricité

Sobriété incitée et prix bas sous l’effet du vent

Le secteur de l’électricité connaît cette semaine des évolutions marquantes, entre innovations tarifaires et dynamiques liées aux renouvelables. EDF va tester une offre inédite auprès de plusieurs milliers de foyers, qui seront rémunérés pour réduire leur consommation, dans l’objectif d’encourager la sobriété énergétique et de mieux gérer les pointes de demande. En parallèle, l’Europe bénéficie d’une forte production éolienne, ce qui maintient les prix de l’électricité à des niveaux bas, voire parfois négatifs, lorsque la demande est modérée. Cette tendance souligne l’importance croissante des énergies renouvelables dans le mix électrique, tout en posant la question de la flexibilité des réseaux. La multiplication des épisodes de prix très bas accentue en effet la nécessité d’adapter les infrastructures et les mécanismes tarifaires, notamment par la modulation des abonnements et l’introduction d’options comme les heures super-creuses.

Gaz

Cours du gaz sous pression

Les prix du gaz en Europe sont tombés à leur plus bas niveau depuis deux semaines, soutenus par une offre abondante de GNL, des stocks dépassant 80% et une forte production éolienne. Sur le hub néerlandais TTF, le contrat mensuel de référence a reculé à 31,77 EUR/MWh, après un plancher intraday à 31,62 EUR/MWh, son plus bas depuis le 3 septembre. Au Royaume-Uni, l’équivalent NBP a suivi la même tendance. Selon nos analyses, la baisse de la demande asiatique de GNL liée à des approvisionnements suffisants en charbon maintient l’avantage européen, tandis que la production éolienne en Allemagne atteint des niveaux nettement supérieurs à la normale. Les importations de GNL en Europe ont diminué de 16 % la semaine dernière, mais l’offre globale reste ample. Par ailleurs, la fin progressive des maintenances sur les installations gazières norvégiennes devrait encore renforcer l’approvisionnement d’ici début octobre, accentuant la pression baissière sur les prix.

Pétrole

Entre tensions géopolitiques et excédent d’offre mondiale

Les marchés pétroliers ont été marqués cette semaine par une forte volatilité, entre tensions géopolitiques et abondance de l’offre. Les attaques ukrainiennes sur des infrastructures russes, comme le port de Primorsk et la raffinerie de Kirichi, ont initialement fait grimper les prix. Mais cette hausse a été rapidement freinée par la perspective d’un surplus mondial, la demande restant inférieure à la production. L’Agence internationale de l’énergie prévoit une augmentation de 2,7 millions de barils par jour en 2025, alors que la consommation ne progresserait que de 700 000 barils. Aux États-Unis, la production a atteint 13,49 millions de barils par jour, renforçant l’offre excédentaire. Le Brent se maintient autour de 67 dollars, le WTI à 62,75 dollars. Nous surveillons de près les tensions géopolitiques et les décisions des principaux producteurs, qui continueront d’influencer l’évolution des cours dans un marché tiraillé entre risques d’approvisionnement et surplus mondial.

Charbon

Production en baisse et revenus en forte contraction

La production de charbon en Chine recule : en août, la production a été inférieure de 3% à celle de l’an dernier, dans le cadre de mesures de restriction instituées pour limiter la surproduction et soutenir les prix. Ces coupes concernent en particulier des mines excédant leur capacité autorisée, soumises à des inspections accrues, et ce dans le cadre de la campagne dite “anti-involution”, destinée à réduire les excès industriels. De son côté, la Colombie subit une forte contraction de ses revenus d’exportation charbonnière : ceux-ci ont presque été divisés par deux sur un an. La baisse est causée à la fois par la chute des cours mondiaux du charbon thermique, une concurrence accrue, ainsi que des politiques nationales qui restreignent certaines exportations. Ces évolutions traduisent une correction de marché après une période de surabondance, mais posent aussi des difficultés économiques pour les régions dépendantes du charbon.

CO2

Entre baisse des émissions et durcissement des normes automobiles

Les émissions de CO₂ continuent de montrer des signes de recul dans plusieurs régions, bien que le rythme des progrès reste jugé insuffisant pour atteindre les objectifs climatiques. Aux États-Unis, les émissions ont diminué depuis leur pic en 2005, notamment grâce à la baisse de la production électrique à partir du charbon et au renforcement des sources renouvelables. La production domestique et résidentielle, impactée par des hivers plus doux, a aussi contribué à cette baisse. En Europe, les normes de CO2 pour les véhicules légers sont de plus en plus strictes : d’ici 2030, les nouveaux modèles de voitures et utilitaires devront réduire leurs émissions de plus de 50% par rapport aux niveaux de 2021. À partir de 2035, l’objectif est ambitieux : atteindre zéro émission de CO2 pour les voitures neuves. Face à ces contraintes techniques et économiques, l’industrie automobile demande une possible réévaluation des échéances, estimant que certains calendriers pourraient ne pas être réalistes dans tous les pays.

Énergies renouvelables

Entre dynamisme mondial et défis croissants de rentabilité

En Allemagne, le gouvernement a annoncé l’abandon des tarifs fixes pour les nouvelles installations, privilégiant désormais des mécanismes plus souples comme les contrats pour différence, afin de réduire la charge financière sur les consommateurs. En Chine, la première enchère pour des projets solaires a révélé des prix de rachat historiquement bas, suscitant des inquiétudes chez les développeurs quant à la rentabilité de leurs projets. En parallèle, d’autres actualités soulignent le dynamisme du secteur : la montée en puissance du solaire et de l’éolien en Europe, les perspectives d’investissement en Afrique ou encore les innovations dans le stockage et l’hydrogène. Cette effervescence montre que les renouvelables deviennent incontournables, mais aussi que leur développement se heurte à des défis croissants de financement, de régulation et d’intégration au réseau.