Avec la flambée des prix de l’énergie et l’urgence climatique, l’autoconsommation collective d’électricité s’impose comme une solution innovante et prometteuse. Ce modèle permet à des entreprises, des copropriétés ou des collectivités de partager une énergie renouvelable produite localement (souvent via le solaire), réduisant les factures et l’empreinte carbone. En France, les opérations d’autoconsommation collective (ACC) se multiplient rapidement – plus de 698 opérations actives fin 2024 contre seulement 305 un an plus tôt – signe d’un engouement croissant pour cette énergie partagée. Dans cet article, nous explorons le cadre réglementaire de l’ACC, ses atouts économiques, écologiques et sociaux, les aides disponibles en 2025, les étapes clés d’un projet, des exemples concrets et enfin les défis à relever pour mener à bien ces initiatives.
Définition et cadre réglementaire de l’autoconsommation collective
L’autoconsommation collective :
Se définit, selon le Code de l’énergie, comme une opération où un ou plusieurs producteurs d’électricité fournissent leur énergie à un ou plusieurs consommateurs finaux, tous liés entre eux au sein d’une Personne Morale Organisatrice (PMO). Autrement dit, producteurs et consommateurs forment une entité juridique commune (association, coopérative, syndicat de copropriété, société dédiée, etc.) chargée d’organiser le partage de l’électricité produite localement.
La PMO joue un rôle central : interlocuteur unique d’Enedis, le gestionnaire du réseau, elle signe la convention d’autoconsommation collective, définit les règles de répartition de l’énergie entre les participants, gère l’ajout ou le retrait de membres et réceptionne les données de production/consommation fournies par Enedis. En somme, la PMO assure la coordination administrative de l’opération, ce qui implique une charge de travail non négligeable (heureusement, des outils de gestion spécialisés existent pour la faciliter).
Périmètre et conditions :
Initialement, l’autoconsommation collective était limitée à un même bâtiment, sans contrainte de puissance de production. Désormais, elle peut s’étendre à plusieurs bâtiments : on parle alors d’opération étendue sur le réseau public. Par défaut, la distance maximale entre le point de production et de consommation est fixée à 2 km. Toutefois, des assouplissements existent : par exemple, en zone rurale peu dense ou isolée, le périmètre peut être élargi jusqu’à 10 km ou 20 kmou même couvrir l’ensemble d’un groupement de communes (EPCI) sur dérogation ministérielle. La puissance cumulée des installations renouvelables est généralement limitée à 5 MWc (voire 10 MW avec dérogation récente).
Par ailleurs, chaque site (compteur) ne peut participer qu’à une seule opération à la fois, et tous les participants doivent être raccordés au réseau d’un même gestionnaire (Enedis couvre 95 % du territoire).
Rôle d’Enedis :
En tant que gestionnaire du réseau électrique, Enedis est un acteur incontournable de l’ACC. Il fournit les données de comptage nécessaires pour répartir l’énergie partagée (relevés mensuels des volumes produits, autoconsommés et injectés), applique les coefficients de répartition définis et s’assure du bon acheminement de l’électricité. La PMO doit signer avec Enedis une convention d’autoconsommation collective formalisant le fonctionnement de l’opération (périmètre, participants, clés de répartition, etc.).
Enfin, lorsque de l’énergie n’est pas consommée localement, elle est injectée sur le réseau et vendue via un fournisseur ou un agrégateur, afin de maintenir l’équilibre entre production et consommation sur le système électrique. L’ACC s’inscrit ainsi pleinement dans le cadre réglementaire français de la transition énergétique, avec un soutien croissant des pouvoirs publics depuis la loi n°2017-227 du 24 février 2017 (qui a ratifié l’ordonnance autorisant l’autoconsommation collective). Plusieurs arrêtés (2019, 2023, 2025) ont depuis précisé ses modalités, élargissant le champ géographique et les possibilités offertes à ces communautés d’énergie.
Avantages économiques, écologiques et sociaux de l’autoconsommation collective
L’autoconsommation collective permet à plusieurs utilisateurs (résidents, entreprises, etc.) de partager une production locale d’électricité, généralement solaire. Ce modèle présente trois grands types de bénéfices :
1) Économiques
Les participants consomment une électricité locale moins chère que celle du réseau classique, avec des prix stables dans le temps. Les coûts d’installation et d’entretien sont mutualisés, rendant le solaire plus accessible. Depuis 2025, l’électricité partagée dans les projets ≤1 MW est exonérée de certaines taxes (accise/CSPE), renforçant l’intérêt financier. Le producteur vend directement à ses voisins, ce qui améliore la rentabilité et accélère le retour sur investissement (5 à 10 ans, avec des rendements >10 % possibles).
2) Écologiques
L’ACC favorise les énergies renouvelables et réduit les émissions de CO₂. Elle limite les pertes d’énergie en transportant l’électricité sur de courtes distances. Pour les immeubles, elle améliore le DPE (diagnostic de performance énergétique), ce qui augmente leur valeur et leur attractivité. Plus globalement, c’est une démarche écologique locale qui bénéficie à l’image des entreprises et au territoire.
3) Sociaux
L’ACC renforce la coopération entre participants (copropriétaires, voisins, entreprises) et crée du lien social. Elle peut aussi lutter contre la précarité énergétique : dans certains projets HLM, l’électricité partagée permet de réduire significativement les factures. C’est un levier d’engagement citoyen et de solidarité locale, qui crée de la valeur et soutient la transition énergétique.
Étapes clés de mise en œuvre d’un projet d’autoconsommation collective
Lancer une opération d’autoconsommation collective : les 7 étapes essentielles
- Étude de faisabilité
- Analyse des profils de consommation et de l’ensoleillement.
- Dimensionnement de la puissance solaire pour couvrir un maximum des besoins sans surproduire.
- Création de la Personne Morale Organisatrice (PMO)
- Choix de la forme juridique (syndicat, SAS, coopérative…).
- Désignation d’un référent/équipe projet et validation par tous les futurs membres.
- Raccordement & autorisations
- Dépôt des demandes auprès d’Enedis (nouveau raccordement ou adaptation).
- Permis ou déclaration de travaux, accords d’assemblée générale, vérification du périmètre légal.
- Engagement des participants
- Liste et accords écrits des producteurs/consommateurs.
- Définition d’une clé de répartition : fixe ou dynamique, transparente pour tous.
- Montage juridique et financier
- Convention d’autoconsommation collective avec Enedis.
- Contrats de vente/facturation, désignation du responsable d’équilibre.
- Bouclage du budget : répartition des coûts, aides, tiers‑investisseur éventuel.
- Installation & mise en service
- Pose des panneaux (toiture, ombrières, sol) et des compteurs Linky.
- Tests, contrôles, transmission à Enedis de la liste finale des participants et de la clé de répartition.
- Exploitation et suivi
- Lecture mensuelle des données Enedis, facturation, maintenance.
- Bilans réguliers aux membres (économies, part verte).
- Ajustements possibles : nouveau participant, extension de puissance, ajout de stockage.
Suivre ces étapes, épaulé par un bureau d’études ou un opérateur spécialisé, permet de passer de l’idée à la fourniture effective d’une énergie verte, locale et partagée, tout en sécurisant les volets technique, juridique et financier.

Exemples concrets de projets réussis d’autoconsommation collective
Les premières opérations d’autoconsommation collective (ACC) en France montrent des résultats concrets, que ce soit en zone industrielle ou en habitat collectif.
1) Milieu industriel : performance et rentabilité
Dans la zone d’activité du Grand Troyes (Aube), six entreprises ont mutualisé des toitures solaires sur 11 sites, avec un taux d’autoconsommation de 97 % et 16 000 € économisés en un an. Ce projet exemplaire, piloté par Consult’Énergie, combine réduction de coûts et engagement RSE.
D’autres zones comme Grenoble ou Chambéry développent des projets similaires, dont celui de Saint-Martin-d’Hères (3 MWc) visant à couvrir 12 % des besoins d’une zone entière. À Bourges, un supermarché avec 300 kWc atteint un retour sur investissement en 6 ans grâce à 77 % d’autoconsommation.
2) Copropriétés et logements sociaux : accessibilité et impact social
À Marseille ou Nice, des copropriétés utilisent le solaire (et parfois une éolienne) pour alléger leurs charges.
À Alès, la Résidence Soleil (100 kWc sur 600 m² de toitures) alimente 100 logements sociaux. Résultat : 100 % d’autoconsommation solaire, 20 % des besoins couverts, et environ 100 € d’économie par an pour chaque foyer. Le projet intègre aussi un accompagnement des habitants et une gestion intelligente de l’énergie.
3) Un modèle adaptable
Partout en France, de petits immeubles aux grands quartiers, l’ACC se développe. En moyenne, un projet regroupe 12 consommateurs et 2 producteurs. Chaque initiative prouve que partager une énergie locale et verte est à la fois rentable, solidaire et durable.
Limites et défis techniques et administratifs
Malgré ses nombreux atouts, l’autoconsommation collective reste un projet ambitieux qui s’accompagne de certaines contraintes. Il est important d’en avoir conscience afin de mieux les anticiper et les lever. Voici les principaux défis techniques et administratifs liés à l’ACC :
En résumé, les projets d’autoconsommation collective demandent une certaine expertise technique, juridique et organisationnelle, et un effort de coordination entre parties prenantes. Cependant, ces défis ne sont pas insurmontables – de nombreux pionniers ont déjà montré la voie en France depuis 2018-2020, et les retours d’expérience permettent aujourd’hui d’éviter les écueils majeurs. Avec un bon accompagnement et une préparation rigoureuse, il est tout à fait possible de surmonter ces obstacles et de faire aboutir une opération d’énergie partagée.
Conclusion : cap sur l’énergie partagée, osez franchir le pas !
L’autoconsommation collective s’impose progressivement comme un nouveau modèle énergétique gagnant-gagnant. Que ce soit pour diminuer vos charges, verdir vos consommations ou fédérer une communauté autour d’un projet durable, les bénéfices sont au rendez-vous comme nous l’avons vu. Entreprises, syndics de copropriété, bailleurs, collectivités – tous peuvent y trouver leur compte en mutualisant une production locale d’électricité verte. Le cadre réglementaire, encore jeune, évolue dans le bon sens (périmètres élargis, fiscalité avantageuse) et les aides financières de 2025 facilitent plus que jamais le passage à l’action. Bien sûr, mener un tel projet demande du savoir-faire et une vision à long terme, mais les exemples inspirants ne manquent plus pour vous convaincre de tenter l’aventure.
Et vous, allez-vous saisir cette opportunité ? Si l’idée de produire et consommer votre propre énergie collective vous séduit, ne restez pas seul face aux questions techniques et administratives. Il est vivement conseillé de faire appel à un accompagnement professionnel pour sécuriser chaque étape, de l’étude de faisabilité jusqu’au montage du dossier et l’exploitation. Des experts de l’autoconsommation collective (ingénieurs, conseils juridiques, installateurs) peuvent étudier votre cas particulier et concevoir la solution la plus adaptée à vos besoins et à votre site. N’hésitez pas à solliciter une étude de faisabilité personnalisée – vous serez surpris de découvrir le potentiel que recèle votre toit ou votre parking pour vous fournir en électricité.
En conclusion, l’autoconsommation collective représente une formidable opportunité de maîtriser vos coûts énergétiques tout en participant activement à la transition écologique. Le mouvement est lancé en France, et chaque nouveau projet renforce un peu plus cette dynamique vers des territoires plus autonomes en énergie.
Pourquoi pas le vôtre ? Il est temps de vous lancer, et nous serons ravis de vous accompagner sur ce chemin vers une énergie partagée, locale et durable. Contactez-nous pour donner vie à votre projet : ensemble, faisons de votre autoconsommation collective un succès exemplaire !
FAQ
1) L’autoconsommation collective permet-elle de faire des économies d’électricité ?
Oui, elle permet de consommer une électricité locale à un coût inférieur à celui du réseau classique, avec des économies renforcées par des exonérations fiscales (comme la suppression de l’accise sur les projets ≤ 1 MW depuis 2025).
2) Est-ce un modèle réservé aux grandes entreprises ?
Non, l’ACC est accessible aussi bien aux copropriétés, petites entreprises, logements sociaux ou même à des petits groupes d’habitants.
3) Est-ce que le solaire partagé est rentable ?
Oui, avec un bon dimensionnement, le retour sur investissement peut être atteint en 5 à 10 ans, avec des rendements souvent supérieurs à ceux de placements financiers classiques.
4) Faut-il créer une structure juridique spécifique pour se lancer ?
Oui, une Personne Morale Organisatrice (PMO) est obligatoire pour contractualiser avec Enedis et coordonner le projet.
5) L’installation de panneaux solaires nécessite-t-elle des démarches administratives ?
Oui, selon la puissance et l’emplacement, des déclarations ou permis sont requis, ainsi que l’accord des copropriétaires le cas échéant.
6) Tous les participants partagent-ils l’électricité de manière égale ?
Non, la répartition peut être fixe (ex. : 20 % chacun) ou dynamique, en fonction de la consommation réelle de chaque membre.
7) Peut-on intégrer des aides ou des financements tiers dans le montage du projet ?
Oui, des aides publiques ou des tiers-investisseurs peuvent participer au financement de l’installation.
8) Est-il nécessaire d’avoir des compteurs Linky ?
Oui, les compteurs communicants sont indispensables pour assurer le suivi précis des consommations et répartitions d’énergie entre les membres.